Le 10 janvier, le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, a annoncé la nomination de Chrystia Freeland au poste de ministre des affaires étrangères. Un choix loin d’être neutre pour Moscou, puisque cette ancienne journaliste d’origine ukrainienne critique régulièrement la politique russe et figure, depuis 2014, à la liste des personnes interdites de séjour en Russie. Qu’est ce qui se cache derrière cette désignation ? Décryptage. Un parcours lié à la Russie
Petite-fille d’immigrés ukrainiens, Chrystia Freeland attache une grande importance à ses racines. Elle parle ukrainien chez elle avec ses trois enfants et, jusque récemment, se rendait régulièrement à Kiev. Elle est notamment allée sur la place
Maïdan lors des affrontements de l’hiver 2013-14.À 48 ans, cette diplômée d'Harvard et Oxford connaît très bien la Russie. Dans les années 1990, elle a travaillé pendant quatre ans à Moscou, à la tête du bureau du Financial Times. En 2000, elle a écrit un livre intitulé
La vente du siècle (
Sale of the Century), sur le passage du communisme au capitalisme en Russie. L’ancienne journaliste maîtrise cinq langues, dont le russe, qu’elle parle couramment.Farouchement opposée au rattachement de la Crimée à la Russie en mars 2014, Chrystia Freeland, alors députée au Parlement canadien, fut l’une des premières à parler d’ « annexion » et a ardemment soutenu l’introduction de sanctions à l’encontre de la Fédération russe. Dans une interview au journal ukrainien
Novoe Vremia, en 2015, elle a encore déclaré que « soutenir l’Ukraine était le devoir de tout homme politique démocrate dans le monde ».Lorsque la Russie a adopté en réponse,
Manon Masset